Cette situation a encore empiré depuis la publication en catimini d’une instruction (3) de la direction Générale de la Santé le 9 décembre 2010, publiée au BO en février 2011. Cette instruction prévoit en effet que dorénavant, pour que des restrictions de distribution d’eau contenant des pesticides soit mises en place c’est 100% de la V Max du pesticide concerné qui devra être atteinte, quelle que soit la durée de l’exposition. 

Qu’est ce que cela change ? Un exemple simple permet de comprendre : Pour l’atrazine, pesticide très fréquemment retrouvé dans les eaux en France, la V Max est de 2 μg/L. Avant la note de 2010, dès la valeur de 20% de la V %Max pendant plus d’un mois, soit 0.4 μg/L d’atrazine, pendant plus d’un mois, une interdiction temporaire de consommation était prononcée. Depuis la note de 2010, c’est 100% de la V Max, soit 2 μg/Ld’trazine, qu’il faudra dorénavant dépasser pour voir l’eau interdite à la consommation, même si le dépassement dépasse 30 jours !
 
« Autrement dit : on va tolérer dans de très nombreuses localités des quantités de pesticides dans l’eau 5 fois plus importantes qu’avant décembre 2010 ! » déclare François Veillerette, porte Parole de Générations Futures, ONG spécialisée dans la question des pesticides, qui s’insurge contre « une instruction du Ministère de la Santé passée inaperçue et visant à rendre plus commode la distribution d’eau pollué par des quantités de pesticides bien plus importantes qu’avant 2010. Ainsi pour un pesticide comme le folpet, pourtant classé cancérigène probable aux Etats Unis, on va maintenant tolérer jusqu’à 300 μg/L pendant plus d’un mois alors qu’auparavant on ne pouvait dépasser les 60 μg/L pendant la même durée ! » proteste t’il. »

Autre conséquence logique de cette nouvelle mesure dénoncée par Générations Futures : la baisse mécanique artificielle du nombre de personnes concernées par une présence excessive de pesticide nécessitant une restriction d’utilisation de l’eau. On est ainsi passé de 34 300 personnes touchées par ces restrictions en 2009 à 8939 en 2010 ! « Cette amélioration en trompe l’œil n’est dûe qu’à une manipulation des valeurs de pesticides acceptées dans l’eau et pas à une véritable amélioration de la situation » proteste François Veillerette qui voit là « la preuve que les autorités publiques ont renoncé à améliorer la situation en changeant les pratiques agricoles en profondeur mais préfère changer les graduations du thermomètre que de faire vraiment baisser la fièvre ! ». « Les candidats à l’élection présidentielle doivent se positionner et promettre de revenir sur ce changement de système qui va conduire à une exposition grandissante du public à des pesticides dangereux » Conclut il.

Source :
www.generations-futures.fr

       Odile Joyeux